Au premier abord, tout semble opposer les constellations familiales, cette pratique basée sur les principes de fonctionnement des systèmes, et la science dont les résultats se veulent mesurables et vérifiables…
Et pourtant, il existe plusieurs aspects où les deux se rejoignent, à travers notamment les neurones miroirs qui peuvent expliquer les perceptions représentatives qui sont un élément clé des constellations familiales.
Deux prérequis : le bon sens et le respect
Dans une société où la liberté d'expression est un droit, il est sain et souhaitable que la diversité des points de vue trouve à s'exprimer. Mais il semble tout aussi important de veiller au cadre et au contexte dans lequel le débat a lieu. Sinon, le pire est à craindre… Vous avez déjà sans doute vécu ces discussions où, parfois (souvent) sous l'effet désinhibant de l'alcool, chacun y va de son opinion sur tel ou tel sujet de société, sans modération ni dans les propos ni dans le ton sur lequel c'est exprimé.
Dans ces situations, on n'écoute pas réellement ce que disent les uns et les autres : chacun défend avec pugnacité son point de vue, parfois même au prix de disputes qui peuvent générer des ruptures du lien pendant des mois, pour des sujets souvent très éloignés du réel de la vie de chacun… N'est-ce pas affligeant ?
Ainsi, au-delà des termes du débat, les conditions même de la discussion sont à prendre en compte. Ce pourrait être le thème d'un autre article : "comment vivre sereinement vos réunions professionnelles… ou de famille ? " ! Indépendamment des idées et des arguments avancés, il y a des principes de base et de bon sens comme le fait de ne pas s'interrompre, et d'écouter réellement ce que dit l'autre.
Car nous pouvons considérer qu'un débat d'idées n'est pas nécessairement un combat. Il peut être vécu positivement, comme un enrichissement réciproque grâce à l'ouverture au point de vue de l'autre. C'est ainsi que nous pouvons aborder cette question de la "rencontre" possible entre les constellations familiales et le domaine scientifique.
Un débat vieux comme le monde
L'opposition "validation scientifique" versus "expérience subjective" semble avoir toujours existé… Selon les époques et les thèmes abordés, le débat est plus ou moins passionné et virulent. Il s'agit là de champs tellement différents que l'écueil de la confrontation et du rejet réciproque peut apparaître. Mais si on se place dans une posture plus neutre, dans un état d'esprit de quête sincère de vérité, alors il devient possible d'aborder cette question avec curiosité et respect pour chacune de ces approches.
On peut alors admettre que cette question de la rencontre possible des constellations familiales et de la science met en lumière deux approches fondamentalement différentes, mais pas nécessairement opposées. Tout d'abord, l'approche de l'expérience directe, de la description du "phénomène" tel qu'il est perçu et vécu, et d'autre part, l'approche scientifique se basant sur la collecte de données mesurables et l'analyse statistique en vue d'obtenir des conclusions vérifiables et reproductibles. Les personnes ayant bénéficié d'une constellation familiale témoignent souvent de leur étonnement, au cours de la constellation, de voir des comportements et des attitudes de leurs proches représentés avec une grande fidélité et similitude par des personnes qui ne les connaissent pas.
D'autres témoignages abordent souvent aussi les effets de la constellation : des dénouements inattendus de situations qui étaient bloquées depuis des mois, comme cette personne qui soudain trouve un acquéreur pour sa maison qui restait invendue depuis des années, ou cette autre qui reçoit un appel d'un proche dont elle n'avait pas de nouvelles après une dispute dix ans plus tôt… Autant d'éléments tangibles et factuels qui montrent, pour le moins, que "quelque chose se passe", même si cela échappe à la méthodologie scientifique d'appréhension des phénomènes… Et si les phénomènes observables au cours de ces pratiques pouvaient être mis en correspondance avec des découvertes de la science ?
Que sont les constellations familiales ?
Peut-être connaissez-vous les constellations familiales ? Si ce n'est pas le cas, on pourrait dire en quelques mots qu'il s'agit d'une méthode basée sur des principes de fonctionnement des systèmes. Quand ces principes sont blessés, cela engendre des déséquilibres qui se manifestent chez l'un ou l'autre membre du système par des difficultés plus ou moins douloureuses, qu'il s'agisse d'échecs récurrents, d'accidents, de maladie…
C'est quand les méthodes de soin individuelles et conventionnelles se révèlent inopérantes que l'orientation vers les constellations familiales et systémiques devient pertinente, sans pour autant se substituer à tout ce qui peut être mis en œuvre parallèlement pour résoudre ces problèmes (suivi médical, traitement médicamenteux, psychothérapie, etc.). Au cours d'une constellation, le constellateur, après avoir questionné son client sur la composition de sa famille (ou du système au sein duquel il vit une difficulté), va proposer au client de choisir des personnes pour représenter les principaux membres de son système.
Ces représentants ne connaissent pas le client ni les membres de son système, et pourtant, par le simple fait d'"entrer en représentation", ils deviennent les porteurs, le temps de la séance, d'une meilleure solution possible, grâce à des placements spécifiques dans l'espace ainsi que des paroles de résolution que les uns vont adresser à d'autres pour rétablir l'harmonie. Tout cela se fait sous la guidance du constellateur, un professionnel formé et expérimenté, capable de percevoir les dynamiques à l'œuvre et de proposer les protocoles adaptés.

Les perceptions représentatives : un aspect remarquable des constellations familiales
Ces personnes qui sont choisies par le client d'une constellation, à partir du moment où elles entrent en représentation d'un des membres de ce système, vont commencer à avoir ce qu'on appelle des "perceptions représentatives". Idris Lahore, le fondateur de l’Ecole de Constellations Lahore (ECLA), une des branches de la Libre Université du Samadeva, a rassemblé les approches traditionnelles moyen-orientales des Constellations Familiales avec les approches modernes, notamment celle de Bert Hellinger et de certains des élèves de celui-ci.
Il nous explique : "Dès qu'il est mis en place, chaque représentant constate qu'il rencontre de façon quasi immédiate une réalité différente de la sienne : des émotions, des sentiments, des pensées, des sensations, et parfois même des attitudes qu’il ne connaît pas et qui appartiennent à la personne qu'il est en train de représenter : c'est ce que nous appelons les perceptions représentatives. C'est comme si le représentant se sentait en contact avec une conscience beaucoup plus grande que la sienne propre, une conscience qui inclut le passé et le futur, les pensées et émotions d'un autre, une conscience capable de représenter n'importe quel esprit ou moi humain, où qu'il soit et de quelque époque qu'il date."
Les neurones miroirs
Au-delà de l'étonnement que peut susciter cette pratique, il est possible de l'appréhender à partir d'un point de vue scientifique, notamment celui qui explique les "neurones miroirs", ces neurones qui permettent de se faire une représentation interne d'une action observée, favorisant l'apprentissage, l'anticipation ou la compréhension des gestes d'une autre personne. Idris Lahore évoque les travaux du professeur Rizolatti, du département des neurosciences de l'université de Parme, qui décrit certaines fonctions essentielles des neurones miroirs :
"Leur caractéristique principale est de s'activer aussi bien quand on effectue une action soi-même que lorsqu'on l’observe par une autre personne. Les neurones miroirs sont un mécanisme de projection de la description d'une action, des aires visuelles complexes vers les aires motrices du cerveau. C'est d'ailleurs ce mécanisme qui permet la compréhension de l'action et ensuite, éventuellement, son imitation.
Ceci signifie que les neurones miroirs permettent de voir ce que l'autre fait et de comprendre pourquoi il le fait (c'est-à-dire son intention) avant de pouvoir l’imiter. Il permet donc non seulement de reconnaître une action, mais également de prévoir l'action suivante (…). Des recherches plus récentes ont démontré que ces mécanismes des neurones miroirs sont également actifs dans l'empathie, définie comme la faculté de ressentir la même sensation, la même émotion ou le même sentiment qu’éprouve une autre personne."

Des neurones miroirs aux champs morphiques
Si l'on s'intéresse à ce phénomène des perceptions représentatives, qui permettent, au cours d'une constellation familiale, d'identifier les dynamiques qui sont à l'œuvre au sein d'un système, on peut aller un peu plus loin encore dans la mise en relation de ce phénomène avec certaines recherches scientifiques. Si la théorie des neurones miroirs permet de donner une traduction rationnelle aux perceptions représentatives, il est un autre domaine de recherche scientifique que l'on peut associer aux constellations familiales, c'est celui des champs, notamment des champs morphiques, mis en évidence par le biologiste Rupert Sheldrake.
Cette approche permet de comprendre qu'au-delà de la demande individuelle du client, le travail des constellations familiales n'est pas seulement un travail personnel, mais qu'il agit sur le système entier du client, le système étant sa famille, sa parenté et l'ensemble de son monde relationnel. En reprenant un article du magazine Science de la conscience (n° 29), on pourrait dire du système familial qu'il s'agit d'un "champ morphique", c'est-à-dire une "matrice organisationnelle" de la famille. D'autres parleraient de “l'âme des ancêtres”, ou de “la mémoire familiale et ancestrale”. Et toute cette mémoire est accessible très facilement à travers chacun…
Ainsi, notre âme, notre champ morphique, que d'autres peuvent aussi appeler notre inconscient, contient tout ce qui est lié à nos lignées, à nos ancêtres. Ainsi, Idris Lahore précise : "Au niveau biologique, la transmission se fait par les gènes. Au niveau psychologique, elle se fait principalement par les comportements basés sur la relation, l'observation et l’imitation. (…) La connaissance du fonctionnement des "neurones miroirs" nous éclaire non seulement sur les processus de l'apprentissage (et par là même sur le développement de l'intelligence), mais également sur les phénomènes mystérieux des perceptions représentatives, ces dernières étant toujours liées à des "mouvements" corporels, sensoriels, émotionnels ou intellectuels.
Ces mouvements ont nécessairement comme déclencheurs des informations. Ces dernières ne peuvent provenir que du champ morpho-systémique familial représenté et en résonance, à la fois avec le problème évoqué par le client et avec son système familial : les neurones miroirs reflètent (réfléchissent, miroitent) ces informations dans les centres visuels cérébraux et les communiquent instantanément et immédiatement (c'est-à-dire, étymologiquement, "sans intermédiaire") dans les centres moteurs des représentants.
La constellation devient alors la matérialisation, la manifestation de l'évolution passée et de l'état présent du système familial du client. Rupert Sheldrake après avoir assisté à des constellations familiales, disait son étonnement de voir pour la première fois devant lui la manifestation de champs morphiques en action !”
Du côté de la physique quantique : la non-localité
Même si certains mouvements de développement personnel se réfèrent à la physique quantique de façon superficielle, comme caution scientifique pour asseoir une légitimité douteuse, nous pouvons mettre en lumière un autre aspect des constellations familiales, notamment avec les concepts de non-localité, d'énergie et d'information. En effet, au cours d'une constellation, des événements ou des relations sont mis en évidence. C'est ce qu'on peut appeler en physique quantique la manifestation des informations qui ne sont "nulle part", mais qui peuvent se manifester en tout lieu, parce que nous existons comme l’attracteur, ou le contexte qui peut manifester toutes ces énergies et toutes ces informations du passé.
Que faisons-nous dans les constellations ? Nous créons un espace matériel (la matière), nous rassemblons des énergies : tous les assistants et tous les représentants, le client qui nous amène son problème avec toutes les informations qu'il porte en lui, mais qui habituellement ne lui sont pas accessibles parce que ces informations sont tellement condensées en lui qu’elles font sa vie : il est tellement identifié qu'il "est" lui-même ces "informations".
Lorsque nous créons un espace matériel un peu plus grand et que nous apportons d'autres énergies, alors toutes les informations que contient le client deviennent accessibles si nous créons les conditions pour que ce soit possible : conditions matérielles, conditions d'énergie, un client avec un problème, des représentants. Le client et les représentants deviennent les "attracteurs" de ces informations et les représentants manifestent les informations contenues dans les systèmes auxquels appartiennent le client, ses lignées ancestrales, par exemple.
Être heureux ou avoir raison ? La conciliation des points de vue
Sans vouloir réduire l'approche complexe des constellations familiales à quelques théories scientifiques (tout aussi complexes!), il est intéressant d'en comprendre les correspondances avec certaines recherches scientifiques, notamment pour essayer de rationaliser un peu cette pratique qui suscite souvent de l'étonnement, teinté soit de méfiance, soit d'émerveillement, selon les modèles de représentation de chacun...
Et bien sûr, nous pouvons garder à l'esprit qu'avec la pratique des constellations familiales, nous nous situons dans le champ de l'humain et non dans celui des sciences qualifiées de "dures"… D'autres approches, plus philosophiques, sont indispensables pour une perspective plus globale.
Alors, nous pouvons nous réjouir que des concepts scientifiques et des approches philosophiques voire spirituelles, se côtoient en bonne intelligence, pour le plus grand bénéfice de ceux qui y trouvent une libération ou une amélioration, là où ils se croyaient bloqués…
